Photothèque un métier en mutation
Je ne vais pas vous refaire l’histoire des photothèques ici, mais sachez pour les plus jeunes qu’au milieu du XXe siècle alors que la photographie se démocratisait, il fallait un intermédiaire entre les photographes et les utilisateurs de leurs images. Ainsi furent créées les premières photothèques.
Premiers interlocuteurs des photographes professionnels, la presse, la mode et la publicité. Ces gros consommateurs d’images cherchaient en permanence, « la photographie ». Or, ne pouvant chaque jour rentrer en contact avec les centaines de photographes répartis sur tout le territoire voir à l’international, il leur fallait des sociétés capables d’inspirer assez confiance aux photographes pour que ceux-ci acceptent de leur confier leur précieux clichés.
C’est ainsi que naquirent les grandes photothèques, américaines, françaises, anglaises… Certaines se spécialisèrent sur le grand reportage (Gamma, Rapho, Sigma, Magnum) alors que d’autres traitaient tous les sujets. Rapidement certaines photothèques possédèrent plusieurs centaines de milliers de photographies. Elles détenaient un quasi-monopole sur la distribution professionnelle de l’illustration.
Photothèque & numérique
L’arrivée du numérique a bien sûr bouleversé le fonctionnement même de la distribution des images. Si bien sûr quelques grosses photothèques ont réussi à traverser cette révolution, la plupart se sont retrouvées confronter au passage d’un marché de quasi monopole vers un marché ouvert où les prix se sont effondrés.
De plus leur centaines de milliers d’archives stockées sous forme de négatifs photos ou de diapositives devaient être numérisées, nettoyées, archivées, référencées. Un coût énorme, que beaucoup de structures n’ont pas anticipé.
Production photo mondiale
Là où avant quelques milliers de photographes devaient fournir un marché immense et juteux, aujourd’hui ce sont des millions de photographes professionnels ou amateurs qui mitraillent le monde et mettent en ligne leurs meilleures photographies. Inutile aujourd’hui d’envoyer un photographe dans une province chinoise pour obtenir une image de qualité, sur place il y a dans chaque village ou ville, un photographe, vivant sur place, qui aura un cliché (si ce n’est parfait, au moins tout à fait correct). Cette photo sera achetée pour quelques euros, voir utilisée sans aucune autorisation !
Ces dernières années, la technologie évoluant, les photographes amateurs du monde entier, partagent leurs images sur les réseaux sociaux, le cloud, les sites de partage d’images… le Web devient la première photothèque de l’histoire rassemblant plusieurs milliards d’images. Cette perspective peut laisser imaginer dans les années à venir des logiciels très poussés d’analyse d’images, permettront un accès plus pointu qu’actuellement, à une base de données d’images chaque jour enrichit de plusieurs millions de clichés. On pourra choisir la définition, le thème, le lieu, les coordonnées GPS, le type d’ambiance, la présence de personnages ou non, par une série de filtres encore plus précis.
La question des droits d’auteur, devient dans ce contexte une préoccupation mineure et secondaire, qui ne pourra être applicable qu’à certaines images réalisées par des photographes très connus. Pour les autres au mieux ils gagneront quelques euros en vendant leurs images à des photothèques leaders, au pire leur production sera noyée sur le Web, avec de temps à autres quelques images utilisées anonymement.